Livres altérés/altered books

Livre altéré

C’est définitivement une nouvelle tendance cette appropriation d’objet existant pour en faire autre chose. Plutôt qu’une toile vierge comme substrat ce sont divers objets qui sont rappropriés, remodelés, réorganisés, parfois déconstruits, altérés et reconstruits en autre chose.

Un livre altéré ou altered book, c’est un livre existant, un livre qui a été publié qui sert de toile de fond. Les exemples qui suivent sont sauf exception notée, des créations de mon cru.

dessin, collage, peinture

L’objet ‘livre’ peut servir de journal pour peindre, dessiner et faire du collage, mais peut aussi voir des pages et insertions diverses venir s’ajouter.  Nous pouvons couper des niches (des ouvertures faites d’une série de pages dans lesquelles ajouter de petits et moyens objets), le livre devenant ainsi boite à trouvailles, boite à trésors.

pages pliées

Le modification de la structure des pages est aussi populaire. Ci-haut vous voyez des exemples de pliage. Le pliage peut devenir pointes ou rainures dans lesquelles imbriquer des images, papiers, petits objets, ou simplement des superpositions étagées de différentes couleurs. Les pages peuvent être taillées et tissées, percées, coupées ou déchirées ‘artistiquement’ puis remodelées ou encore collées en bloc. Toutes sortes d’objets peuvent être attachés par des fils, des oeillets, des attaches de toutes sortes.

enveloppe

Avec les pages existantes, vous pouvez créer des enveloppes (ci-haut) ou encore en insérer d’autres faites de divers matériaux. Les images ou encore certaines parties du texte peuvent être récupérés, modifiées, embellies. Le ‘found poetry’ ou la poésie trouvée est un exemple des possibilités. Finalement tout peut être transformé incluant la couverture. Ce qui en fait un approche artistique qui est adaptable aux besoins de plusieurs populations en santé mentale tant jeunes, ados, qu’adultes.

Gioia Chilton, MA, ATR-BC art thérapeute de la Virginie est le premier à avoir publié en 2007 un article sur le sujet dans la revue d’art thérapie Américaine (Altered books in art therapy with adolescents. AT:JAAT, 24(2)).  Il n’est pas le seul à faire la promotion de ce qui est maintenant connu sous le nom d’altered arts (arts altérés). Lani Gerity PhD dont je vous ai parlé plus tôt pour son travail avec les poupées d’art et les marionnettes thérapeutiques est une grande promotrice de ce type d’art. Voir sa page sur les livres altérés .

Chilton souligne la liberté inhérente au processus de transformation des livres. Il cite les mots de Brazelton (2004) Altered books workshop qui dit que tout est possible car il n’y a aucune règle, l’artiste a toute la latitude pour préserver ou transformer un peu ou beaucoup d’un livre qui n’a pas non plus la nécessité de même garder la forme d’un livre.  Comme l’art thérapie vise entre autre à nourrir et favoriser la créativité de toute personne, ce type d’art est envisageable dans un contexte thérapeutique avec les précautions nécessaires évidemment.

Chilton souligne la structure intrinsèque au livre; à la fois contenu et contenant. L’artiste/client peut s’appuyer sur les contenus pour créer autre chose ou répondre à ce qui s’y trouve de façon créative.

Le livre en tant qu’objet est très riche symboliquement. Lorsque j’ai introduit ce type d’art à mon groupe de ressourcement (employés du Douglas) plusieurs ont mentionné la difficulté à dépasser la notion du livre comme objet sacré, réservoir d’une connaissance à préserver.  Comme ils provenaient d’une bibliothèque scolaire qui se débarrassait des livres jeunesse des années 70 l’hésitation fut de courte durée. N’en demeure qu’on nous a bien inculqué qu’il ne fallait ni écrire ni dessiner dans les livres sous peine de sanction sévère.

En art thérapie il faut donc penser à tout ce que celà implique. Chilton suggère les avenues d’exploration suivantes pour vérifier les associations et connotations possibles: Comment a été vécu la lecture et l’apprentissage? Est ce que le client sait lire?  Est ce que les livres sont source de plaisir ou encore d’anxiété liée à l’échec scolaire? Est ce que la personne a une histoire familiale liée au livre? Est ce que les livres et leur lecture faisaient partie du vécu familial? (pp.60-61).  Des questions éthiques et légales peuvent se poser aussi. L’artiste qui transforme un objet qui porte autant de valeur symbolique est quelque peu subversif, il confronte un symbole d’autorité, de convention, pour se l’approprier et le transformer. L’artiste rebel, prend un objet produit massivement sur les presses, pour en faire un objet unique qui n’est plus la réplique d’un autre (p.61). C’est un ‘one of a kind’ qui prend les couleurs de l’individu qui se l’approprie.

Un livre à altérer dans un contexte thérapeutique offre un contenant (comme un journal) qui tient lieu de documentation d’une histoire racontée en autant d’images et de mots. Contrairement à un journal vierge, le livre élimine l’angoisse de la page blanche qui pour certains est paralysante. Altérer un livre devient une sorte de dialogue avec l’existant qui se construit au fil des interactions artistiques sur et avec les pages du livre. C’est aussi un cadre limité (la forme) qui structure mais qui malgré tout offre une foule de possibilités imaginatives.

Voici quelques liens à explorer pour en savoir plus:

  1. Altered arts (book preview)
  2. New directions in Altered Books (book preview)
  3. Pockets, pullouts and hiding places (book preview)
  4. Altered books techniques:
  5. Stitching and creating a niche
  6. Faire une recherche Google avec les mots: altered arts, altered books, livre altéré

Bonne lecture et aventure.


Classé dans , , , , , .

Catégorisé dans Apprentissage, Arts.

Publié le 30 avr 2009

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

7

2 commentaires à Livres altérés/altered books

  1. Pingback: Peindre à l’aquarelle sur les pages d’un livre | Sentinelle créative

  2. Claudine
    Le 4 jan 2016 à 17:00
    Répondre

    bonjour, très intéressant votre article. Je travaille beaucoup les livres altérés. A la mort de mon mari, comme je n’avais ni mots ni larmes, j’ai réussi à sortir les souffrances par ce moyen. je continue aujourd’hui pour partager avec les autres grands ou petits ; et je suis passée aux « livres réinventés » parce que nous ne les altérons pas, nous les recréons;
    Bien amicalement